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Cérémonie du 8 mai

Par Marcel Bechet, publié le vendredi 19 mai 2023 14:50 - Mis à jour le vendredi 19 mai 2023 14:51
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Le lycée Charles Poncet est, depuis plusieurs années, dignement représenté par Lucas DESCHAMPS, élève de BAC PRO Microtechniques, lors des cérémonies du 8 mai et du 11 novembre. Découvrez ci-dessous son émouvant discours.

En ce 8 mai, nous commémorons la fin de la seconde Guerre Mondiale en Europe. Pourtant, ceux de 14 l’avaient promis, ils s’étaient jurés qu’aucune âme, qu’aucun enfant  ne devrait connaître de nouveaux les horreurs de la guerre. Ils l’avaient dit avec tant d’espoir « 14 serait la der des ders », la dernière des guerres !

Pourtant la cupidité, l’orgueil et la folie des Hommes en décida autrement.
Malgré l’allégresse des lendemains de la Grande guerre, le monde n’était pas dupe, l’ombre de la faucheuse n’avait pas disparu. Sous sa couverture de paix, le monde plongeait petit à petit dans les bas-fonds de la guerre. Et aux premiers jours de septembre 1939, il chuta brusquement dans la noirceur.

Mais malgré l’obscurité, une lumière survécut. C’était celle de la liberté, celle de la paix. Cette étincelle, que dis-je, cette flamme d’espoir qui brillait dans les yeux d’une nation, celle qui s’était battue en 14, celle qui n’avait pas flanché, et celle qui n’allait pas non plus abandonner. Malgré la débâcle de Mai 40, elle sut se relever car cette nation-là n’abandonne pas. Elle s’était battue pour ses droits, ses libertés et ses gloires. Elle n’allait sûrement pas les perdre pour un homme qu’elle avait certes acclamé sur les champs Élysées en 19, mais qui l’avait lâchement abandonnée au vol d’un aigle noir assoiffé de folie et de terreur.

« Non ! » disait-elle, nous n’abandonnerons pas.

Alors pour toute cette jeunesse qui se leva comme le bleuet qui fleuri au retour des beaux jours, et dont nous sommes les petits et arrière-petits-enfants, à ces héros d’un passé, pas si lointain que ça : souvenons-nous.
Sans eux, sans leurs sacrifices, nous ne serions rien. Ne les oublions pas.

Si aujourd’hui, je devais vous citer le nom de ces héros, la liste serait bien longue...

Mais pour vous, je retiendrais un nom, celui d’un jeune homme qui allait fêter ses 20 ans
quand il est tombé ici, pour cette ville. Cet homme, c’est Jean Feuillet. Un enfant de France, de cette douce France que chantait Charles Trenet. C’est une belle France qui le vit naître au Havre en 1923, c’est là qu’il grandit comme tous les enfants devraient grandir, dans l’insouciance et l’allégresse d’un pays en paix.
Mais tout ceci, il dut l’abandonner et le fuir pour échapper au STO. Il vint se réfugier ici, dans notre région, dans notre vallée. Ici, il rejoignit le maquis. Mais il fut fait prisonnier avec 11 autres maquisards en décembre 1943 et fut incarcéré à l’ENH durant huit jours. Le 22 décembre au matin, vers 10H30, il tenta de s’en évader en longeant un surplomb du deuxième étage de l’école pour descendre le long d’un cheneau. Mais il fut repéré par une sentinelle qui patrouillait dans la cour. Cette dernière lui tira dessus sans pourtant l’atteindre mais le tir le déséquilibra et il chuta, s’écrasant dans la cour de l’école où la sentinelle finit par l’abattre.

Alors je voudrais que vous pensiez à lui et à toutes ces jeunesses perdues et volées, pour tous ces enfants, qui ont grandi dans la peur, dans l’horreur et la misère d’une jeunesse meurtrie par la guerre. Comme l’a dit Herman Melville « Toutes les guerres sont enfantines et livrées par des enfants »1. Alors pour eux, nous les nouvelles générations, nous nous devons de ne jamais les oublier.

Lucas Deschamps, 8 mai 2023.